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vendredi 11 novembre 2011

La référence religieuse comme inspiration éthique à l'engagement politique (Tariq Ramadan à France Info)

C'est jeudi 10 novembre 2011 que Tariq Ramadan est intervenu sur France Info (dont le site a fait peau neuve il y a quelques jours) pour présenter son nouveau livre : L'Islam et le réveil arabe. Il est en effet simple de constater que tous les États musulmans souverains vivent et sont dirigés d'une manière qui leur est propre. A la différence que certains, généralement arabes, sont trop souvent soumis au dictat des grandes puissances "bien pensantes" qui leurs assurent un tourisme constant pour certains et une paix sans sanction aucune pour ceux qui alimentent le monde en pétrole, pétrole exploité par les multinationales des États impérialistes si cela est nécessaire de le préciser.


Dans cet extrait audio (ou plutôt vidéo) de la chronique Les choix de France Info, Tariq Ramadan fait part de sa vision quant à l'avenir des sociétés majoritairement musulmanes et aussi arabes. Vous remarquerez les sempiternelles interrogations (inquiétudes ?) du journalisme des États impérialistes qui a trop tendance à reprocher à la religion d'être de trop dans le paysage politique, source de conflit d'autorité. D'ailleurs, l'invité du jour lui fait remarquer en lui disant textuellement "Dès qu'on aurait la référence religieuse, on aurait l'idée de la confusion des autorités" ?

En effet, Tariq Ramadan reproche au journaliste de voir la religion par le biais des œillères de son Histoire et de sa tradition religieuse telle l'Église toute puissante d'autrefois qui par ses pouvoirs ecclésiastiques, par lesquels des hommes sont soi-disant choisis par Dieu et savent ce que sera l'avenir des croyants, oubliant parfois que Dieu est seul Juge.

Certains me diront que c'est pareil pour l'Islam, mais je leur rétorquerai qu'à la différence de l'Église, aucune institution ne représente l'Islam sur terre. Aucune personne ne peut se présenter comme référence religieuse dans le monde musulman, personne ne peut vous dire ce qui vous est réservé dans l'au-delà. Non, la seule autorité capable de vous le dire, c'est définitivement et seulement Dieu. Par contre, vous, frères et sœurs en Islam, au regard de la tradition prophétique (Sunna), du Saint Coran et des différents courants de pensées et aussi selon vos sensibilités (qui existent du fait des différents parcours de vie), vous saurez ce qui est bon pour vous et ce que l'éthique islamique vous déconseille. Car je mets au défi quiconque de démontrer par le moyen qui lui convient, que l'éthique, la morale musulmane va à l'encontre de la morale à laquelle tout être humain aspire. Ce que l'Islam a réalisé dès son avènement (divergences d'opinions), l'Église a mis plusieurs siècles avant de laisser d'autres et différents courants religieux de fonder des sociétés, différentes du catholicisme romain. La chasse aux sorcières n'a jamais été institutionnalisée dans les sociétés musulmanes.

Voilà pourquoi l'autorité religieuse ne rentrera pas en conflit dans les sociétés civiles musulmanes de demain. Avec Ennahdha en Tunisie (on verra ce que la Libye fera), il ne s'agira pas d'un totalitarisme (Ennahdha nous le prouve en tendant la main à ses opposants) et il ne s'agira pas non plus d'une société ouverte à la consommation de masse et au libéralisme débridé à la manière des sociétés généralement occidentales. Il s'agira d'une politique raisonnée, telle que le Saint Coran et la Sunna nous l'ordonnent. Car c'est pas le raisonnement que nous parviendrons à atteindre un niveau de croyance suffisant pour que notre patience éprouvée puisse résister à notre environnement. Croire sans raisonner est la porte ouverte à tout et n'importe quoi.

D'ailleurs, dans la présente interview, Tariq Ramadan fait justement remarquer que l'apprentissage littéral, qui consiste à apprendre par cœur le Saint Coran n'est pas suffisant. Mais il est encore moins suffisant de supprimer l'éducation religieuse de l''école, telle que la politique tunisienne a tenté lentement de le faire. Ce n'est pas en supprimant simplement l'éducation religieuse qu'on atteint la lumière, encore moins quand la majorité de la population ne souhaite pas revenir sur l'article premier de la constitution tunisienne du 1er juin 1959.

Ce dernier paragraphe, démontre encore une fois que l'équilibre, le juste milieu,  fer de lance de la Vision d'Al dabaran est  plus que nécessaire, pour ce monde qui manque sérieusement de recul et qui a beaucoup trop tendance à avoir une Vision bipolaire des choses...

L'esprit nuancé, celui qui raisonne, capable d'interagir avec  le Monde, sans pour autant se fondre dans la masse au risque de perdre sa dignité et son identité n'est pas un double discours, c'est du pluralisme à toute épreuve.

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